Pour la première fois en 2019, la JMEC a été célébrée au Sénégal. Elle a été coordonnée par Ousseynou Gueye et Abdourakhmane Diop, membres du collectif Different Leaders d’Article 1 et de Polaris Asso. Ils nous expliquent leur vision de la JMEC.

Ousseynou, tu es le fondateur de Polaris Asso, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Ousseynou Gueye – En 2018, après 3 années d’expérience au sein du programme Google Ateliers Numérique, l’écart entre les besoins d’accompagnement dans la compréhension des usages du numérique au Sénégal et les solutions offertes m’a semblé criant. Ainsi, j’ai décidé de sortir de ma zone de confort et d’y apporter une réponse, en créant une association accompagnant jeunes et adultes à tirer le meilleur du numérique.

Comment la JMEC vous a-t-elle aidé à accomplir votre mission ?

Ousseynou – J’ai trouvé que le collectif Different Leaders, avec qui nous partageons la vision d’un leadership éthique, responsable et inclusif comme référence, était un cadre s’alignant totalement avec notre engagement sur Polaris Asso. J’y ai trouvé d’autres jeunes très talentueux et aspirant à être des acteurs à part entière de leur communauté, contribuant à réduire les inégalités. Nous appuyer sur une journée mondiale pour travailler ensemble sur l’avancement de nos activités a été très utile : cela nous a aidé à mieux communiquer sur notre volonté de créer une communauté d’action sur le long terme, et à recruter des jeunes qui se retrouvent dans notre démarche.

 

Qu’est-ce que la JMEC représente pour vous ? 

 

Ousseynou – La JMEC, c’est le jour où on est sûrs de ne pas être seuls dans notre combat, et qu’il y a des centaines, voire des milliers d’autres jeunes et adultes dans le monde qui s’activent pour réduire les inégalités sociales. C’est aussi l’opportunité de mettre en application ce qu’on a pu apprendre de l’expérience d’Article 1 et d’autres acteurs ayant développé une expertise sur les questions de la lutte pour l’égalité des chances.

 

Abdourakhmane Diop – Pour moi la JMEC est une journée dédiée aux acteurs et actrices de l’égalité des chances partout dans le monde. Une occasion de se réunir autour d’un sujet commun – la lutte contre les inégalités sociales, culturelles etc… – pour échanger, partager des bonnes pratiques, interpeller et informer. C’est aussi un l’occasion de définir des stratégies, des actions sur le long terme dans la résolution des problématiques au quotidien.

Comment s’est déroulée la JMEC Sénégal en 2019 ?

Abdourakhmane Diop – Cette première édition s’est tenue du 5 au 7 décembre 2019 à Dakar, et a permis de créer une communauté locale de jeunes à fort potentiel d’engagement social qui vont bénéficier pendant 2 années d’un programme de renforcement de capacités.

Il s’est agi d’une part de leur proposer un parcours de mentorat afin de les accompagner dans leur orientation académique et professionnelle. D’autre part, il a été question de renforcer leur compétences interpersonnelles par des expériences d’engagement social sur le terrain.

 

Pour cela, nous avons utilisé le jeu “La Marche de l’Egalité des Chances” d’Article 1 pour faire émerger les inégalités de départ dans l’accès aux opportunités académiques. Le groupe a décidé d’en créer une version sénégalaise, pour sensibiliser aux réalités de notre pays.

Nous avons animé un atelier intitulé “Le Dialogue des Méliens et des Athéniens” expérimenté lors d’une formation des Different Leaders pour permettre une meilleure prise de consciences des erreurs consistant à penser que d’être dans le juste suffit à gagner des victoires.

Enfin, nous avons invité des acteurs et actrices du changement, par l’entrepreneuriat social ou par l’action associative pour montrer qu’il est possible d’agir pour résorber les inégalités, et d’inciter les décisionnaires à agir de manière plus responsable.

Quel impact vos événements à l’occasion de la JMEC ont-ils eu ?

Ousseynou – Six mois après le 5 décembre 2019, les groupes mis en place sur différents outils digitaux continuaient d’interagir avec une certaine constance. Des collaborations ont été nouées et des projets co-développés, ce qui a eu le mérite de booster davantage les initiatives de ces jeunes.

Parmi les jeunes, certains qui en étaient en stade d’idéation dans leur projet social ont pu se lancer. Ils ont été accompagné dans leur phase de lancement par les autres jeunes de la communauté qui avaient un plus d’expérience.

 

Aujourd’hui, c’est avec ces mêmes jeunes que nous préparons la suite, c’est à dire l’édition 2020 de la Journée Mondiale de l’Égalité des Chances à Dakar.

Quel impact pensez-vous que cela va avoir sur le long terme ?

Abdourakhmane – Nous souhaitons faire émerger une pluralité d’acteurs et d’actrices de l’égalité des chances au Sénégal, une communauté regroupant des jeunes soucieux de construire une société plus juste et plus inclusive, ainsi que des personnes qui agissent déjà sur le terrain dans leur travail, ou à travers des initiatives associatives.

Ousseynou – Notre ambition est de systématiser un programme de mentorat et d’engagement social impliquant de plus en plus de jeunes au Sénégal.

Une anecdote à nous partage?

Abdourakhmane – Pour moi le plus fort était d’entendre et d’écouter les différents parcours des jeunes qui ont vécu et réalisé énormément des choses dans leurs différents combats, leurs engagements et leurs talents sont si précoces. Ce que je retiens, c’est toute l’énergie et l’enthousiasme qui se sont dégagés lors de ces journées. Cela montre qu’il y a des raisons de garder de l’espoir pour des lendemains meilleurs.”

Propos recueillis par Yaaba Diop.

Photos : © Maonghe.M