“100% des 24 jeunes qui ont participé à la JMEC, je pèse mes mots, m’ont dit que ça avait changé leur vie. Ce n’est pas une journée anodine.”

Abdellah Belahbib

Animateur jeunesse depuis 2006 et responsable depuis 2014, Abdellah Belahbib a grandi dans le quartier où il travaille et où tous les jeunes le connaissent. Depuis 2016, il a porté avec les jeunes de son centre jeunesse, 3 éditions de la Journée mondiale de l’Égalité des Chances à Romans-sur-Isère trois éditions, sans être membre du collectif Different Leaders.

Comment as-tu découvert la Journée mondiale de l’égalité des chances ?

Il y a 4 ans, Bolewa Sabourin1 est venu à Romans-sur-Isère et nous a proposé d’y participer. Je me battais depuis toujours pour l’égalité des chances et je ne savais même pas qu’il y avait une journée pour ça ! Quand j’ai su que ça existait je me suis dis “on y participe direct”, car c’est le genre de chose qui fait sens..

Que représente cette journée pour toi ?

La JMEC offre un espace de débat pour les jeunes de mon quartier. C’est l’opportunité de prendre la parole et elle ne se reproduit pas tous les jours. Contrairement à d’autres thématiques, c’est une journée qui réussit vraiment à les mobiliser. L’égalité des chances est un sujet qui leur parle, c’est leur sujet.

Que permet la JMEC à Romans-sur-Isère ?

Cette journée est importante car elle crée une super dynamique de projet. Il faut le souligner car habituellement ces jeunes ne s’impliquent pas trop. On est dans un quartier populaire et la gestion de leurs parcours professionnels et personnels est stressante. La JMEC est un moyen de les engager et de valoriser ce que les jeunes ont à dire. Et ce qu’il y a de beau, c’est que ce sont les jeunes qui décident de tout. Pouvoir rassembler 250 personnes à Romans pour cette journée, c’est beau. Surtout, il y a des retombées médiatiques et voir la JMEC Romans aux côtés de Londres ou Paris ça fait plaisir !

Sous quel format ont eu lieu les événements que tu as portés ?

Le contenu s’est souvent centré sur les parcours des jeunes et sous un angle positif. La première année, Bolewa a invité les jeunes à trouver du positif dans leur parcours pour rassembler et prendre confiance en soi. Depuis, on a gardé la même manière de faire. On veut inspirer nos pairs, se donner de la force. On a même eu la possibilité de faire venir des personnalités comme Jammeh Djangana, acteur principal du film Banlieusards, et c’est aussi ce qui plaît aux jeunes : voir que leur production intéresse, fait déplacer du monde. C’était très émouvant, ça donne de sacrées soirées.

Quel impact a eu la JMEC sur toi ?

En tant qu’éducateur ça m’a changé. Avant j’étais aigri. Je le suis toujours, mais moins. Car je sais qu’il y a d’autres façons plus efficaces de porter notre message et je sais que je ne suis pas tout seul. Ça me conforte aussi dans l’idée qu’il faut vraiment croire en ces jeunes et leur donner les clés. J’en vois beaucoup parmi eux qui ont galéré toute leur vie et qui se prennent des claques avec la discrimination à l’embauche. Cette journée me rappelle combien ils sont géniaux et combien il faut plus les impliquer dans des réseaux comme ceux de la JMEC. La JMEC est un moment de l’année qui me redonne foi.

Et quel est l’impact sur les jeunes ?

Je peux dire en pesant mes mots que 100% des 24 jeunes qui ont participé à la JMEC m’ont dit que ça avait changé leur vie. Ce n’est pas une journée anodine. Il ne faut pas sous-estimer l’impact de la JMEC. Parler de sa vie à travers l’égalité des chances, c’est un grand moment. Grâce à la JMEC, un jeune a pu venir s’installer à Londres et un autre, qui était perdu, a trouvé la motivation pour passer son bac en candidat libre… et il l’a eu !

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans ces JMEC ?

Ce qui m’a le plus marqué c’est l’énergie des jeunes. Je crois énormément aux jeunes, j’adore travailler avec eux. Mais là, les voir monter sur scène alors qu’ils n’ont pas l’habitude de se retrouver devant 200 personnes, ça m’a marqué. Je retiens évidemment aussi l’énergie positive des communautés Different Leaders et Article 1 en général. Et bien sûr, ce qui me marque c’est de voir tout un réseau réuni autour de la Journée mondiale de l’égalité des chances et la force de frappe que ça peut avoir sur les jeunes.

Un mot à ajouter ?

Il faut développer l’“esprit JMEC”! Dans notre petite ville, on est loin de cette énergie positive et on la ressent fortement au moment de la JMEC. Je pense que c’est autour des valeurs comme celles portées par cette journée que les jeunes peuvent s’en sortir et (re)trouver un sentiment d’appartenance.

1 : Chorégraphe de danse traditionnelle congolaise et coauteur de son autobiographie “La rage de vivre” où il retrace son histoire douloureuse entre la France et la République démocratique du Congo.